Le Cap Ferret, hors saison.
Cette semaine au Cap Ferret était prévue de longue date. Mais je ne me doutais pas que, lorsque je m’y rendrai, je serai à un moment clé de ma vie.
J’ai traversé une série de villages, avant d’arriver au bout de cette langue de terre, presque comme au bout du monde.
J’ai loué un vélo et j’ai pédalé jusqu’à ce que je ne puisse plus rouler dans le sable. Face à l’océan, dans le bruit assourdissant des vagues et du vent, j’ai ressenti la puissance et la force de cet océan indomptable. J’étais venu pour comprendre que je devais arrêter de lutter contre une situation que je ne maitrisais plus.
J’ai alors passé sept jours à fouiller les moindres recoins de cette presqu’ile comme pour essayer de sauver ce qui n’existait déjà plus …
De cette quête désespérée est née une série d’images pleines de mélancolie, d’un motard qui roule à pleine vitesse jusqu’à ce calvaire oublié dans la pinède.
L’endroit est au bout, lui aussi, là où plus aucun pas supplémentaire n’est possible.
J’ai fait demi-tour, et mon regard n’était plus le même.
Je me suis arrêté dans le village de Cerbère. Il est le dernier village de la côte Vermeille, dans le sud-est de la France, avant la frontière espagnole.
Le temps semble s’y être arrêté …L’ambiance de ce village m’a directement immergé dans un véritable décor de cinéma à ciel ouvert. Et cet hôtel au bord de la voie ferrée, le “belvédère du rayon vert” me projeta à l’époque de ces grandes robes et ces costumes trois pièces, l’époque des plumes d’autruche et des montres à gousset, de la vaisselle de Limoges et du phonographe. Ce bâtiment à l’architecture imposante, tel un navire surplombant la voie ferrée, se remplissait des voyageurs, le temps d’une nuit. Ils attendaient de prendre le prochain train pour l’Espagne. Ces gens-là se retrouvaient dans de grandes soirées fastes, autour de buffets copieux et de spectacles divertissants. Les effluves d’alcool, la fumée des cigares et les notes de musique s’y mêlaient jusqu’à l’aurore.
Je me souviens de cette boite à chapeau que m’avait montré ma grand-mère. Elle était allée la chercher dans le placard de sa chambre. Puis, elle l’avait déposé sur la table de la salle à manger. Tout en me parlant d’un homme qu’on appelait Fénélon, elle l’ouvrit avec délicatesse. Cette boite cylindrique contenait un beau chapeau haut de forme en feutrine noire. Elle renfermait aussi quelques cols de chemise. Elle m’expliqua, qu’à l’époque, ils étaient amidonnés pour les grandes occasions. Parait-il que cet homme avait mené une vie faste, qu’il dépensait beaucoup d’argent et qu’il était reconnu dans la région pour ses frasques … mais je n’en su pas beaucoup plus. Mon imaginaire fini de composer l’allure de ce personnage, flanqué de ce couvre-chef.
Lors de ses voyages, surement vint-il à Cerbère. Il aurait pris part à un de ces banquets du belvédère du rayon vert.
Mais qui était vraiment ce Fénélon ?